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Labeur, larmes, épreuves et tribulations : Souvenirs de la National Thread Limited
2 février , 2023
Par Jazmine Aldrich, traduit par Patricia Garvey
Dans une brève histoire écrite à la fin des années 1960, Freeman Clowery évoque l’époque où il travaillait pour la National Thread Limited à Sherbrooke : « Comme je me souviens bien de ces jours de labeur, de sueur et de larmes ; d’épreuves et de tribulations, de succès et de défaites, de déceptions et d’accomplissements ». Le temps passé par M. Clowery au sein de l’entreprise couvre l’âge d’or de celle-ci, dans les années 1950 et 1960, jusqu’à son effondrement en 1971. Il a observé l’ascension et la chute de l’entreprise du point de vue de son directeur et de son secrétaire-trésorier.
La National Thread Ltd. a succédé à la Ideal Thread Limited, qui a commencé ses activités à Montréal en 1939. Ses directeurs, J. Edgar Genest de Sherbrooke et J.-A. Archambault de Montréal, sont les fers de lance de la compagnie. Archambault de Montréal, dirigent les efforts pour relocaliser la compagnie de fabrication de fils à Sherbrooke en 1941.
Les négociations avec la ville de Sherbrooke, qui s’étendent sur le premier trimestre de l’année, aboutissent à la rénovation d’une usine appartenant à la municipalité, située sur l’avenue Laurier et précédemment occupée par la Modernistik Company et la Dufferin Jack Company. La société Ideal Thread Ltd. a accepté de louer l’immeuble de la Ville si cette dernière payait pour les réparations de l’usine. Les rénovations comprennent l’ajout d’un deuxième étage, d’une chaufferie et d’un nouvel ascenseur, mais les promesses de croissance de l’entreprise suffisent à justifier les dépenses. Un permis de construire municipal d’un montant de 14 500 dollars est délivré en mai 1941.
En avril 1941, La Tribune rapporte qu’alors que des rénovations seront bientôt entreprises à l’usine de l’avenue Laurier, The Ideal Thread Ltd. sera absorbée par une autre compagnie, non nommée, mais qu’elle conservera ses administrateurs. La National Thread Limited est constituée en société le 1er mai 1941. La Ideal Thread Ltd. abandonne sa charte et se dissout le 25 février 1942.
Au cours des années 1940, les affaires de The National Thread Ltd. se développent grâce à la production de fil domestique et industriel et de lacets. En 1952, la société possède des succursales de distribution dans tout le Canada. Alors que les concurrents américains réduisent les ventes internationales de National Thread, le marché canadien reste solide pour l’entreprise. L’année 1952 marque également un moment de transition : le fondateur et président J. Edgar Genest cède le contrôle de l’entreprise à son fils unique et directeur général de National Thread, Claude Genest.
Dans ses mémoires, Clowery évoque le président fondateur de la société, J. Edgar Genest, de la manière suivante : « C’était un homme d’une prévoyance et d’une confiance illimitées, mais, pendant les années où j’ai travaillé avec lui, sa caractéristique la plus marquante était une foi inébranlable en son fils ». J. Edgar conserve la présidence de l’entreprise jusqu’à sa mort en 1959, date à laquelle Claude Genest reprend la présidence.
Claude s’est joint à l’entreprise de son père en 1944 après avoir été libéré de l’Armée canadienne. Clowery complimente également le jeune Genest, écrivant qu’il : « […] a de nombreuses caractéristiques héritées. Son influence sur les opérations s’est fait sentir dès le début, mais la construction de la nouvelle usine moderne était sa marque de fabrique, une étude de la jeunesse avec une vision, contre l’âge avec la sécurité.
La nouvelle usine située au 370, 10e Avenue à Sherbrooke était une usine d’un seul étage d’une valeur de 250 000 $ et d’une superficie de 30 000 pieds carrés. La construction a duré huit mois et s’est achevée en février 1952. Plusieurs entreprises locales ont équipé la nouvelle usine de tout, de la plomberie aux fournitures de bureau. Il était prévu d’employer 125 hommes et femmes et de doubler la production de l’entreprise. Clowery décrit cette nouvelle installation comme « un établissement moderne, avec un aménagement planifié pour une efficacité optimale, avec une marge de croissance, pour relever les défis du futur », mais rappelle également le financement, les contrôles de fabrication et les changements administratifs qui ont accompagné cet agrandissement.
Malgré ses premiers succès, The National Thread Ltd. ferme les portes de son usine de Sherbrooke le 4 mars 1971, laissant 80 employés se trouver du travail. Claude Genest accuse la concurrence étrangère et l’augmentation des coûts de production, notamment des salaires. La signature d’une convention collective avec l’Union des Ouvriers du Textile d’Amérique en 1961 entraîne une augmentation des salaires des ouvriers de l’entreprise, des congés payés et la rémunération des heures supplémentaires, accréditant ainsi l’explication de Genest. Au cours de sa dernière année, les effectifs de National Thread ont été réduits de près de moitié. Genest soutient que les opérations sherbrookoises de l’entreprise nécessitaient une mécanisation considérable pour augmenter les profits, ce que les actionnaires n’étaient pas intéressés à financer étant donné le climat économique de l’époque. L’usine ferme ses portes, ce qui marque un autre chapitre de l’histoire industrielle de Sherbrooke.
Crédit photo: : P244 Freeman Clowery Collection
La première usine National Thread Ltd. située sur l'avenue Laurier à Sherbrooke.
Crédit photo: : P244 Freeman Clowery Collection
Les représentants de l'Union des Ouvriers du Textile D'Amérique (UOTA) et de National Thread Ltd. signant la convention collective en 1961. Freeman Clowery est au centre, avec les représentants de l'UOTA Gilles Courchesne à gauche et Robert Dean à droite.